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Pour une histoire sociale et politique des enseignants sous la deuxième république au Rwanda
Florence Rasmont  1@  
1 : Université Libre de Bruxelles  (ULB)  -  Site web
CP-135 50, Av. F. Roosevelt 1050 Bruxelles -  Belgique

Élément central des politiques de développement, l'éducation a fait l'objet de nombreux articles depuis le génocide. L'éducation est largement perçue comme un instrument pour la reconstruction et la paix. Néanmoins, force est de constater que peu de littérature existe sur l'histoire de l'éducation avant le génocide, et moins encore sur celle de l'enseignement et des enseignants. Dans la majorité des cas, le peu de littérature scientifique a mis l'accent sur les élèves, plus que sur les professeurs. C'est une histoire de long terme qui reste encore largement à écrire, comme je tenterai de l'expliquer dans ma communication.


Doctorante en histoire contemporaine depuis janvier 2013, j'effectue des recherches sur le développement des commémorations et des mémoriaux aux niveaux local et national entre 1994 et 2006. Depuis le début de mon projet de thèse, j'effectue des recherches sur les réseaux militants et associatifs liés aux activités commémoratives de 1994 dans le district de Rwamagana, dans l'est du Rwanda. À cette occasion, j'ai pu me rendre compte que les principaux organisateurs et promoteurs des premières activités mémorielles du génocide étaient issus du milieu des enseignants. Mes recherches m'ont poussée à comprendre les logiques internes à ce petit réseau de professeurs. Il fallait comprendre ce qui les avait amenés à se regrouper en association de survivants après le génocide, et à largement encourager le soutien des paysans dans leurs actions. Lors des entretiens, les témoins interrogés organisent largement leur récit en fonction de l'évènement du génocide, illustrant la frustration due à leur statut précaire d'enseignant avant le génocide et la discrimination ethnique dont ils étaient victimes. Ces faits les auraient amenés à s'investir politiquement durant l'ouverture démocratique du début de 1991, et à ensuite soutenir le FPR pendant et après la guerre civile et le génocide. Néanmoins, les récits de ces enseignants ne sont pas uniquement éclairants sur la situation des enseignants de campagne pour écrire l'histoire du génocide et sa mémorialisation. Ils nous éclairent également sur une histoire de plus long terme sur la situation des petites élites rurales durant la deuxième république, sur leur rôle durant l'ouverture démocratique, tout comme aussi sur la relation qu'entretenait ces petites élites rurales et la paysannerie. Derrière des récits organisés téléologiquement autour du génocide se dessine une histoire sociale et politique du statut d'enseignant. Ma communication se propose de remettre en contexte le récit de ces enseignants du primaire dans le paysage social de la fin de la deuxième république, tentant ainsi de réintroduire de la continuité là où le génocide a introduit de la rupture.



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