Dans l'Unité de Médecine Traditionnelle, créée en août 2013 à Abidjan, un médecin généraliste et un argilothérapeute reçoivent de nombreux malades souffrant de maladies chroniques et maladies métaboliques (hypertension, diabète, colopathie, arthrose). Après avoir travaillé ensemble dans une structure privée, ils se sont installés au sein du CHU de Treichville, avec l'aide du Programme national de promotion de la médecine traditionnelle (PNPMT). Au cœur de l'institution hospitalière publique, ils souhaitent adopter une démarche de recherche et apporter les preuves que l'argile est un « médicament » qui guérit. Des études récentes ont montré l'importance de la diffusion de phytoremèdes dans les pays d'Afrique de l'ouest, mais qu'en est-il des usages et de la diffusion des compositions à base d'argile ? Les argiles utilisées dans les traditions médicales locales depuis des décennies (notamment les boudins de kaolin mélangé à des plantes, appelé dufalê en langue anyi et traduit en français par « médicament »), les différentes formes médicinales d'argile seront d'abord présentées dans les contextes sociaux de leur utilisation. Puis l'analyse portera sur les différentes présentations de compositions argileuses au sein de l'Unité de médecine traditionnelle (majoritairement sous forme de breuvage en bouteille). Enfin, nous tenterons de répondre à la question plus générale concernant les « minéroremèdes » : représenteraient-ils une autre voie de la pharmaceuticalisation ?
Ma présentation s'appuie sur une enquête ethnographique (par observation participante et entretiens, réalisée en avril 2015 et en avril 2016) au sein de l'Unité de Médecine Traditionnelle (CHU de Treichville, Abidjan).
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