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Castellanos Alfonso

La scène musicale bobolaise (Burkina Faso) : Lieux, tendances, réseaux.
Alfonso Castellanos  1@  
1 : Institut des mondes africains  (IMAF)  -  Site web
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Institut des mondes africains - 96 bd Raspail 75006 Paris -  France

« Quand Bamako est enrhumée, Bobo tousse » : cette phrase d'un ami Burkinabè illustre le sentiment de rapprochement entre ces deux villes liées par des circulations migratoires anciennes et actuelles qui continuent à laisser leur empreinte dans le paysage social de Bobo-Dioulasso. Carrefour sous-régional situé à cheval entre le Mali et la Côte d'Ivoire, cette ville cosmopolite se distingue par sa configuration pluriculturelle et par l'usage du dioula véhiculaire dont elle reste indéfectiblement identifiée (Sanogo 2013). Pôle artistique et musical signalé au Burkina, il accueille une diversité de musiques locales, régionales et internationales qui cohabitent et se mélangent produisant des résultats inédits. Or, les flux migratoires et les échanges commerciaux avec ces deux pays voisins ont influencé largement la production musicale bobolaise, dont les tendances les plus populaires oscillent majoritairement entre la musique mandingue et le coupé-décalé.

Cette communication aura pour objectif de proposer une cartographie de la « scène locale » (Guibert 2012), dominée par la musique mandingue, mais toujours renouvelée dans une pléiade d'expressions allant de la musique « traditionnelle », et passant par la musique religieuse commerciale (zikiri), les standards cubains et des anciens orchestres africains, jusqu'au rap. Il s'agira de rendre compte des lieux (théâtres, bars, cabarets) et des interactions entre les acteurs de la filière musicale (musiciens, programmateurs de radio, opérateurs culturels, publics) qui conforment la scène bobolaise en mettant l'accent sur les dynamiques qui donnent vie à des représentations de l'espace et à des imaginaires identitaires qui révèlent un sentiment d'appartenance à la ville. L'ancrage local de ces expressions sera le point de départ (et d'arrivée) d'une réflexion autour des circuits de diffusion musicale (médias, festivals, tourisme) afin de comprendre la portée des flux et les mécanismes de transmission des influences stylistiques qui marquent la musique bobolaise contemporaine.

Comment et à partir de quels principes les jeunes générations modèlent-elles leurs valeurs et réaffirment leur identité en tant qu'Africains, musulmans, bobolais ? En ce qui concerne les nouvelles musiques à la mode, ou les « jeunes musiques » pour reprendre la notion de Mallet (2004), on s'intéressera à la façon dont elles ouvrent de nouveaux espaces sociaux et apportent des éléments et des codes inédits dans l'interrelation des communautés urbaines tout en s'adaptant aux logiques préexistantes. L'importance de la rencontre entre musiciens de divers horizons culturels ainsi que de la recherche inspirée des musiques locales et étrangères mettent la figure de l'artiste au centre de la scène. Ce dernier est au cœur d'un processus de singularisation et de mise en valeur de la créativité. Il s'agira donc de comprendre ce que révèle cette nouvelle figure de l'artiste, à la fois ouvert sur le monde et profondément ancré en un lieu.



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