La mobilisation contre les « biens mal acquis » en France, dévoilée au grand public à la faveur de scandales (perquisitions, procédures judiciaires etc.) est souvent présentée comme un mouvement initié par des organisations de la société civile, dont on reconnait volontiers les identités collectives différenciées (Ryfman 2004). Cette posture monolithique cache en réalité la complexité des logiques de l'action (Fillieule, Péchu, 1993). La présente communication entend faire une sociologie des acteurs africains impliqués dans cette prise en charge de leurs intérêts (Siméant, 1998). Il s'agit ainsi au détour d'une histoire des organisations diasporiques, de montrer comment les individus, par leurs trajectoires, les stratégies de légitimation et leurs pluri-appartenances (Ion, Franguiadakis, Viot 2005) se font les relais de cette cause quand ils ne se situent pas aux fondements des investigations. Ces derniers, souvent héritiers d'un long processus politisation, participent de la qualification du « fait scandaleux » et de la construction du scandale (Rayner 2007). Les compétences (Boltanski 2011) ainsi consolidées valent dans des entreprises qui dépassent le cadre de la cause, laissant entrevoir en filigrane des ambitions politiques sur le continent africain. Comment en ce sens expliquer l'investissement d'une organisation de la diaspora congolaise dans ce dossier ? Quelles justifications sont données par des entrepreneurs de mobilisation d'un mouvement gabonais pour invoquer de manière péremptoire le préjudice causé par ces présumés détournements ? Qu'est ce qui explique qu'une militante de l'Union des populations du Cameroun (UPC), soutienne la mobilisation contre ce relent de « néopatrimonialisme prédateur » (Bach, Gazibo 2011) ? Autant de questions trouvent des éléments d'explication dans un examen des trajectoires individuelles de ces acteurs. Qu'elles soient spatiales, dans des logiques de migration (exil), mais surtout militantes en mesurant le poids des socialisations au sein d'organisations diverses.
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