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« Si tu es un vrai chrétien, tu vas au village ». Rencontres entre églises et néo-voduns dans les milieux ruraux du Bénin méridional.
Carla Bertin  1@  
1 : Institut des mondes africains  (IMAF)  -  Site web
Institut de Recherche pour le Développement - IRD (FRANCE), Aix Marseille Université, École Pratique des Hautes Études [EPHE], Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), CNRS : UMR8171
Institut des mondes africains - 96, Bd Raspail, 75006, Paris -  France

Proposition pour l'Atelier « Les (nouveaux ?) entrepreneurs de la ruralité »

Le "Village" représente, pour les pentecôtistes du Bénin méridional, le royaume des forces du mal : l'abri des mauvais esprits, où le fétichisme est le plus répandu.

À partir des années 2000, au Bénin, les pentecôtistes s'impliquent dans la création des ONGs confessionnelles, en tant qu'« agents du développement ». Ainsi, le développement a « sa base dans le spirituel » : seule l'évangélisme bâtit une nation « moderne et intègre ». Si la clé pour sortir de la pauvreté est la conversion pentecôtiste, la religion « traditionnelle » est la cause du sous-développement. Le "Village" devient le double symbole du sous-développement et des forces diaboliques.

Hormis quelques exceptions, les enquêtes sur le pentecôtisme ont été menées en milieu urbain. Pourtant, les villages du Bénin méridional complexifient la compréhension de l'imaginaire pentecôtiste. Ces villages sont, d'une part, caractérisés par une prolifération et fragmentation des églises, entre concurrence et collaboration, et, de l'autre, par l'explosion des mouvements néo-voduns (dits « emportés et modernes ») et du marché du bŏ (magie). Une approche inter-religieuse permet d'analyser les relations de pouvoir non seulement entre les leaders du même groupe, mais aussi entre les représentants des deux mouvements religieux, qui entretiennent, le plus souvent, des relations de parentèle.

Certaines églises sont les résultats d'un « retour au village » des futures autorités locales de la paroisse implantée (diacres) ou des pasteurs qui désirent évangéliser leur région natale. Initialement, les églises se trouvent dans les terrains familiaux comme cellules de prière, puis construites en terre cuite. Evangéliser sa propre « maison familiale » deviendrait un enjeu de reconnaissance ? Ensuite, les diacres essaient d'acheter un terrain où bâtir leur paroisse en ciment - dans un milieu où le brique est signe de prestige. Dans ces espaces, ils inviteront des pasteurs étrangers ou de la ville.

En même temps, les chefs néo-vodun concurrent pour la construction des temples en ciment et carrelage. Ils attendent les visiteurs de la ville, les les appels des émigrés, qui cherchent les cérémonies « authentiques des villages ». Ils essaient de prendre leur revanche sur les églises pentecôtistes qualifiées de « commerciales » dont la source de succès serait à attribuer aux divinités « traditionnelles » elles-mêmes, aux visites secrètes et nocturnes des pasteurs dans les couvents.

Cette communication s'interroge sur les parcours des chefs religieux (souvent des modèles de réussite), problématise la notion locale de pouvoir religieux et socio-économique ainsi que les relations entre mouvement néo­-vodun et églises évangéliques, à partir des « maisons familiales », espaces au cœur de l'inter-religiosité du pays.



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