L'évolution des précipitations demeure une nécessité socio-économique pour les pays sahéliens foncièrement tributaires des rendements de l'agriculture et du pastoralisme. La sécheresse des années 1970 a déstabilisé un système établi pour laisser progressivement place à une situation de vulnérabilité des populations, fortement dépendantes des conditions pluviométriques. Le cycle de l'eau est alors affecté et une détérioration des sols, du couvert végétal et une répercussion sur les activités humaines et la sécurité alimentaire.
Par ailleurs, depuis la fin des années 1990, on note un retour sporadique des pluies. Pourtant, il semblerait que la situation socioéconomique du monde rural n'a pas connu un changement remarquable et reste toujours caractérisée par la pauvreté et des situations d'insécurité alimentaire. Cette persistance de la situation, ne serait donc pas essentiellement liée au contexte pluviométrique variable, mais serait surtout déterminée par les choix politico-institutionnels en matière d'agriculture. En effet, les politiques agricoles, caractérisées par un « désengagement » de l'Etat vis-à-vis de l'agriculture, ont dans un contexte de sécheresse fragilisé les efforts des ruraux induisant un état de vulnérabilité.
Notre étude porte sur le département de Thiès, localisé dans le Bassin Arachidier du Sénégal. Cette zone écogéographique revêt une importance capitale du point de vue socio-économique, car étant même le bastion de l'arachide, qui a constitué pendant longtemps la principale culture. Dans cette zone, bien qu'ayant subi la forte sécheresse, on observe un retour de la pluie sans que les conditions des ruraux ne s'améliorent. Si on note une diminution de la population rurale, on assiste à une augmentation de celle agricole dans les milieux périurbains, composés essentiellement de migrants issus de l'exode rural. Cela peut être lié à l'insuffisance d'un cadre institutionnel adéquat de gestion du domaine agricole caractérisé par une pluralité de documents stratégiques qui rend difficile leur exécution , une approche trop institutionnelle ou « Top-down » qui ne prend pas souvent en compte les particularités locales de ce territoire.
Ces contraintes institutionnelles ont aggravé la vulnérabilité de l'agriculture et des populations rurales face à des modifications environnementales et que le problème majeur résiderait dans les choix politico-institutionnels qui peinent à s'adapter à la variabilité du climat. L'absence ou l'effectivité de l'intégration du climat dans les processus de gestion des territoires, a eu comme impact à Thiès, une désarticulation des systèmes de production, une migration des populations rurales vers les milieux urbains, une reconversion des populations vers d'autres activités au moment où l'on remarque une amélioration de la situation pluviométrique.
Mots clés : vulnérabilité, politico-institutionnelle, variabilité pluviométrique, monde rural.