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Les frontières comme « territoires circulatoires », comme outils méthodologiques et heuristiques : Réflexions anthropologiques sur le cas de transmigrant-e-s sénégalais-e-s au (vers le) Maroc
Marie Lasserre  1@  
1 : Institut des mondes africains  (IMAF)  -  Site web
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Institut des mondes africains - 9, rue Malher 75004 Paris -  France

Dans l'atelier Migrations, circularités et relations transnationales dans les Afriques cosmopolitiques, la communication, via une approche transnationale, se base sur des terrains multi-sites entre le Sénégal et le Maroc et sur les traversées de ces pays, pour questionner les frontières étudiées comme « territoires circulatoires » (notion d'A.Tarrius) et comme annonciatrices de rapports sociaux d'altérités inédits et mouvants.

 

Les frontières mauritaniennes et marocaines deviennent, dans les pratiques et représentations des transmigrant-e-s sénégalais-e-s, des espaces et temporalités d'importance.

Elles soulignent les logiques globales (politiques migratoires notamment) qui gouvernent les vécus locaux des migrant-e-s, et leurs adaptations personnelles à ces logiques globales, possibles via des connaissances collectives portées par des êtres transnationaux. La frontière, localité où la circulation des savoirs et expériences à son propos prime pour la franchir, lie des êtres migrant-e-s et se lie ainsi à d'autres localités.

De plus, l'étude de la frontière révèle qu'elle est, outre une mise à l'épreuve, une amorce exacerbée de ce que la personne migrante peut vivre quotidiennement dans les pays traversés, d'installation. Les migrant-e-s sont d'abord confronté-e-s aux zones transfrontalières, espaces et étapes « hors départ » et « hors arrivée ». Ceci, qui peut (leur) donner des indices sur de possibles vécus dans le pays donné, montre aussi que les frontières sont liées à d'autres territoires.

 

La communication questionne alors, parmi les éléments de vie quotidiens des transmigrant-e-s révélés par l'étude des frontières, la complexité des espaces et modes relationnels pour les Sénégalais-e-s au Maroc.

Au Maroc où les migrant-e-s ne sont plus seulement en transit, ni considéré-e-s « de passage, du fait des lois restrictives et routes migratoires difficiles, pèsent l'incertitude d'un quotidien imbriquée à des rapports d'altérité difficiles avec les Marocain-e-s.

Face à cela, la solidarité sénégalaise semble inébranlable. Les diverses sortes d'entre-soi sénégalais transnationaux, à adapter et à lier aux nouveaux espaces et à leurs possibilités, sont evidentes.

Pourtant, les données soulignent les abus de faiblesse/pouvoir entre Sénégalais-e-s, quand bien même le cadre communautaire dans lequel ces phénomènes existent, apparait bienveillant, sécurisant et/ou familial. Il ne s'agit plus seulement de savoir-relationner avec les Autres mais aussi avec ses pair-e-s. La recherche pointe que les systèmes relationnels et d'appartenance entre Sénégalais-e-s se caractérisent par une dimension autant protectrice, identificatoire, constructrice, qu'insécurisante et destructrice.

Ces relations aux Sénégalais-e-s et aux Autres, aux frontières comme ailleurs, éphémères ou durables, ne répondent pas forcément à des schémas fixes et continus. Elles semblent organisées et désorganisées, déconstruites et reconstruites. Tarrius (1993) parles des "territoires circulatoires" où les migrant-e-s circulent, comme « micro-espaces annonciateurs de sociabilités nouvelles et de productions sociales originales» (Escoffier, 2004).

La contribution suggère alors une grille de lecture originale sur ces modes de réseaux, dans ces espaces de migrations.

 


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