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Une histoire du génocide des Tutsi et des conflits africains par les médias
Francois Robinet  1, *@  
1 : Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaine  (CHCSC)  -  Site web
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)
Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines 47, boulevard Vauban, bureau 610 78280 Guyancourt -  France
* : Auteur correspondant

Proposition de communication à l'atelier organisé par Violaine Baraduc et Florent Piton : Un événement et son ombre. Faire l'histoire et le récit du Rwanda et des Etats africains au-delà du génocide et des expériences de crise.

De François Robinet, Maître de Conférences en histoire contemporaine de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines.

 

Depuis 1994, le génocide des Tutsi du Rwanda a fait l'objet d'une grande attention de la part des chercheurs français et étrangers. Différentes approches ont été mobilisées (temps long, approches littéraires et/ou esthétiques, socio-histoire...) pour tenter de connaître un événement qui, par ses singularités, constitue un véritable défi aux sciences humaines et sociales (Audouin-Rouzeau).

Un renouveau historiographique a été permis depuis quelques années par les apports d'une jeune génération de chercheurs. Micro-histoire (Kimonyo, Dumas, Piton), études des processus de mémorialisation ou de patrimonialisation (Korman, Rasmont, Brinker), enquêtes sur les processus des justices rwandaise et internationale (Dumas, Rovetta, Baraduc), les travaux les plus récents cherchent à approcher de nouveaux objets, à se confronter à des questionnements inédits tout en mobilisant des sources auxquelles les chercheurs s'étaient parfois encore peu intéressés.

Nous voudrions centrer la réflexion sur un type de sources historiques encore parfois abordé avec condescendance de la part de certains chercheurs : les archives médiatiques. Si du fait de leur valeur esthétique, les photographies, les documentaires ou les films de fiction ont fait l'objet d'une réelle attention (Réra, Dauge-Roth...), les médias d'information sont généralement jugés de faible valeur et le plus souvent étudiés pour être déconstruits ou du point de l'histoire des médias. Nous proposons d'opérer ici un enrichissement du regard du chercheur sur des sources qui ouvrent aussi la voie à d'autres types de questionnements :

1/ le premier porte sur la fécondité d'une approche de l'événement par les médias d'information : en quoi ces sources permettent-elles de consolider les connaissances sur le génocide, sur l'histoire du Rwanda et plus largement quels gains d'intelligibilité permettent-elles lorsqu'on cherche à approcher l'histoire contemporaine de l'Afrique ?

2/ un deuxième questionnement vise à mettre en valeur les opérations de décentrement du génocide des Tutsi et la pertinence des approches comparatives avec d'autres événements conflictuels/génocidaires. Si cette démarche est fortement dépendante du type de sources disponibles, l'attention renouvelée – forcément distanciée et critique - portée aux regards occidentaux sur le génocide souligne les singularités de celui-ci et son impact sur l'évolution des représentations et des pratiques dans des sphères aussi diverses que la diplomatie, le journalisme ou l'humanitaire.

3/ un troisième axe montrera que le recours à ce type de sources peut, sous certaines conditions, s'avérer particulièrement fécond pour approcher la question française dans ses différentes dimensions ainsi que les modalités d'évolution des relations franco-africaines.

4/ le dernier questionnement vise à renouveler les problématiques de la recherche sur le génocide – et plus largement sur les conflits africains – en instaurant un dialogue avec les préoccupations de collègues étrangers spécialistes de media studies, de gender studies ou de postcolonial studies, ces dernières ayant paradoxalement été assez largement mobilisées par certains historiens de l'Afrique (Cooper, Coquery-Vidrovitch, Stoler...) mais finalement rarement utilisées à propos du génocide des Tutsi.


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