Proposition pour l'atelier Les mouvements ́etudiants en Afrique et la (re)production du politique »,
Entre 2011 et 2014, les universités égyptiennes, en tant qu'espaces d'action collective, ont témoigné une ouverture soudaine, suivie par une restriction non précédée. C'était une période des transformations continues à l'intérieure comme à l'extérieure des universités.
À partir de l'étude des carrières de trois militants, cette communication propose de situer les transformations de l'engagement estudiantin par rapport aux fluctuations politiques. Cette proposition avance l'hypothèse que les histoires des individus sont également celles des groupes, voire des « mondes sociaux » où ils opèrent. Entre 2014 et 2015, nous avons effectué une enquête ethnographique auprès de plusieurs organisations dites « étudiantes » au Caire. À partir d'entretiens, observations et suivi des membres sur Facebook, nous avons pu recueillir de nombreux récits de carrières individuelles et organisationnelles. C'est ainsi que l'étude des trajectoires d'Ahmed, Sara et Riham, constitue un premier point d'entrée pour analyser l'engagement estudiantin en Égypte.
Premièrement, les divergences entre ces carrières illustrent la multiplicité des formes d'engagement des étudiants après 2011. La différence entre Ahmed qui est membre d'un groupe affilié à un parti politique d'opposition, Sara qui s'engage dans l'union des étudiants de sa faculté, et Riham qui est membre d'un club d'étudiant se déclarant comme activité intellectuelle non politisée, démontre cette pluralité. De plus, la distinction entre ces carrières en « bifurcations », justifications des choix d'engagement et de désengagement, les rapports à l'organisation et l'évaluation des effets de l'engagement, renforce cette thèse.
Deuxièmement, à partir de trois stratégies individuelles d'adaptation aux transformations du contexte, nous soulignons les différentes positions les organisations des étudiants peuvent avoir vis-à-vis l'ordre politique et les possibilités d'y effectuer du changement. Le contraste entre Ahmed qui découvre des moyens pour contourner les restrictions, Sara qui démissionne de l'union et Riham qui garde une attitude pragmatique, démontre la variété des« rôles », un étudiant engagé peut jouer.
En somme, par cette proposition, nous dépassons deux limites dans la littérature sur les mouvements des étudiants en Égypte. La première est la quasi-invisibilité des individus dans les recherches. La deuxième est la limitation de l'action collective dans sa composante explicitement contestataire. Afin de situer l'engagement des étudiants dans le jeu politique en transformation.
Les mouvements ́etudiants en Afrique et la (re)production du politique »,