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Modernité(s) et architecture en Afrique Subsaharienne
Halimatou Mama Awal  1@  
1 : Les métiers de l'histoire de l'architecture : édifices, villes, territoires  (MHA-evt)  -  Site web
Université Pierre-Mendès-France - Grenoble II, PRES Université de Grenoble, École Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble [ENSAG]
Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble, 60 avenue de Constantine , CS 12636 , 38036 Grenoble cedex2 -  France

La modernité, concept en mouvement et évolutif, reste floue tant dans l'esprit des populations que des architectes en Afrique subsaharienne. L'observation de la production architecturale, nécessaire pour comprendre l'édification des villes et des territoires contemporains, nous a conduit à formuler l'hypothèse de deux modernités en Afrique subsaharienne : « modernité suggérée » et « modernité manifestée ».

 Dès le milieu du XIXe siècle, les échanges entre l'Afrique et l'Europe s'intensifient. Moment très important où l'on accède à de nouvelles visions du monde. Le « monde sauvage » ramené des colonies coexiste avec le « monde technique moderne » rendu possible par l'ère industrielle. La « modernité suggérée » définie donc l'introduction de la modernité européenne du XXe siècle en Afrique subsaharienne. Une nouvelle vision du monde qui sera expériment­ée par des architectes. Ainsi, G. Olivier et J. G. Lambert, architectes français, proposeront à l'exposition coloniale de Paris en 1931, le pavillon de l'Afrique Occidentale Française (AOF), une architecture mixant pensée technique occidentale et cultures locales africaines. Ernst May, architecte allemand, expérimentera en Afrique les principes de l'urbanisme moderne avec le plan de Kampala (Ouganda). Cette période illustre selon Udo Kulterman, la naissance d'une « Architecture nouvelle en Afrique», une production inventée grâce au contexte de l'Afrique.

 La « modernité manifestée », est celle qui porte le message des mouvements indépendantistes, illustrant la légitimité et l'émancipation des nouvelles nations. La production de cette modernité sera un instrument de médiatisation, une image de la modernisation des nations africaines. Outre la définition d'une nouvelle chronologie, cette deuxième phase de modernité, est un « choix », et incarne un « positionnement ». Ces tendances se manifesteront par des coopérations multiples pour différentes raisons : des raisons économiques avec des organismes internationaux, des besoins d'expertise internationale car inexistante sur place, ou bien d'idéologie définissant un positionnement politique. La « modernité manifestée » représente aussi l'émergence des recherches expérimentales sur les thèmes de « l'architecture tropicale » ou la notion de « communauté ». Les architectes anglais Jane Drew et Maxwell Fry fonderont la première école d'architecture tropicale et le français Jean Prouvé développera le prototype de la maison tropicale.

La reconnaissance des modernité(s) permette de percevoir l'histoire du territoire comme fondateur d'un univers conceptuel particulier. Ainsi, des expériences pourront être réactivées pour alimenter les recherches sur l'architecture bioclimatique ou sur les outils de processus de participation, pour faire du projet « avec la communauté » afin qu'il soit adéquat aux besoins de la communauté.



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