Errance et extase : le corps dans Ekomo de María Nsué Angüe
Relativement méconnue des études littéraires, la littérature équato-guinéenne contemporaine est pourtant singulière puisqu'elle s'est développée en langue espagnole, la Guinée équatoriale ayant été la seule colonie espagnole d'Afrique sub-saharienne pendant presque deux siècles. Nombre d'écrivains équato-guinéens contemporains ont subi les douloureuses expériences du départ vers l'Espagne et du retour en Guinée équatoriale : c'est le cas de María Nsué Angüe, dont l'existence est jalonnée par les exils et les déracinements. Avec Ekomo, premier roman d'une femme équato-guinéenne paru en 1985, Maria Nsué Angüe propose une vision du corps profondément marquée par les interrogations identitaires concentrées notamment dans la narratrice, la jeune Nnanga, déchirée entre foi chrétienne et tradition fang, entre impératifs idéologiques, normes, tabous et espoirs. À travers les errances, les maladies, les passions, les corruptions, mais aussi les extases qu'offrent la sexualité, la danse ou le deuil, l'écriture du corps dominé et/ou libéré engage une réflexion dialogique sur l'inscription de l'homme et de la femme dans le monde.
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