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Auto- et hétéro- identification au travers des pratiques et variations linguistiques chez des 16-18 ans à l'île Maurice
Shimeen Chady  1@  
1 : Centre population et développement  (CEPED)  -  Site web
Université Paris V - Paris Descartes, Institut de recherche pour le développement [IRD] : UR196
CEPED - 19 Rue Jacob - 75006 Paris -  France

Partant du constat que des adolescents utilisent plus fréquemment le créole mauricien à partir du secondaire alors qu'ils utilisent très souvent le français avant (Carpooran 2007), je souhaitais voir qui était concerné, à quelles fins servait cette pratique du créole et quels types de variations pouvait-on observer. J'ai très vite été confrontée à des problèmes externes à la langues : grande hétérogénéité des pratiques, aussi bien qu'internes : difficultés posées par la distinction entre les langues en contact. Suite à des catégorisations non satisfaisantes, j'ai opté pour une approche plus ethnographique et j'ai cherché à voir si des groupes pouvaient être identifiés par des pratiques et variations communes. C'est ainsi que dans le secondaire mixte où j'ai effectué une partie de mon terrain, traditionnellement connu pour être francophone, un groupe d'adolescents s'est détaché du reste de leurs camarades par :

  • leurs pratiques sociales : sport commun, sorties communes
  • leurs pratiques langagières : l'usage du créole mauricien, du français et de l'anglais, des alternances
  • l'utilisation de marqueurs lexicaux et phonétiques en interaction qui permet de les identifier en tant que « groupe ».

À l'aide d'un corpus de données variées, observations participantes, entretiens, conversations en situation « naturelle », je montre ainsi comment des jeunes âgés entre 15 et 19 ans en milieu urbain à l'île Maurice utilisent diverses - variétés de - langues en interaction sous formes d'actes d'identité (Tabouret-Keller et Lepage, 1985) afin de s'identifier aux différents réseaux auxquels ils souhaitent s'identifier et construisent par la même occasion les stéréotypes associés aux catégories sociales plus larges à savoir la catégorie jeune, la classe socio-économique, le genre et l'appartenance ethnique.

Dans une perspective plus étendue, je montre comment le locuteur, au niveau micro-social, participe activement à la construction des catégories au niveau macro-social à travers ses pratiques langagières. Privilégiant ainsi une approche ethnographique et combinant des analyses d'interactions et de variations linguistiques, je me base entre autres sur les travaux de Penelope Eckert (1989) pour qui le locuteur est le réel pivot entre la langue et les catégories sociales mais que les groupes s'organisent d'abord en communautés de pratique, soit des réseaux sociaux qui se définissent par un ensemble de pratiques sociales communes dans lesquels chaque locuteur sera membre.



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