Proposition de communication pour l'atelier : « Villes et « modèles » urbains en Afrique : circulation internationale, ancrage, innovation » d'Elisabeth Peyroux et Armelle Choplin
Dans cette communication, nous étudierons deux associations locales : Keleketla! dans le centre-ville de Johannesburg (Afrique du Sud) et Horizome dans le quartier périphérique de Hautepierre à Strasbourg (France). Bien que situées dans des contextes très éloignés, dans des espaces dits du Sud et du Nord, ces deux associations présentent un certain nombre de points communs qui questionnent le rôle du numérique d'une part, et de l'art d'autre part, dans les mobilisations et les formes de l'engagement citadines contemporaines. De fait, ces deux associations ont été crées à la même époque (fin des années 2000), dans un contexte de transformation urbaine importante, marqué par la fin de l'apartheid dans le cas du centre-ville de Johannesburg et par des opérations de rénovation urbaine dans le cas de Hautepierre. Elles sont situées dans des espaces urbains caractérisés par la prépondérance des populations défavorisées voire stigmatisées, souvent migrantes ou issues de l'immigration, dont les associations affirment vouloir améliorer les conditions de vie. Pour cela, Keleketla! et Horizome ont recours au numérique (sites internet, blogs, pages facebook, modélisations interactives de quartier, etc.) comme vecteurs de mobilisation, de valorisation et de diffusion de leur démarche. Celle-ci accorde, dans les deux cas, une place particulière à l'art et aux artistes, ces derniers étant soit des membres actifs de l'association, soit des médiateurs culturels privilégiés (en collaboration avec d'autre associatifs ou collectifs), ou encore des chercheurs engagés. Certains acteurs des deux associations ont en outre eu l'occasion d'initier un dialogue sur le devenir de l'art dans l'espace public, lors d'une rencontre organisée à Strasbourg en 2013.
A travers la mise en regard (Spire, 2011) de ces associations, nous interrogerons certaines normes de l'action et de l'engagement citadins dans les villes contemporaines du Sud et du Nord. Pourquoi et pour qui le numérique et l'art s'imposent-ils comme des outils incontournables de la mobilisation citadine ? Qu'est-ce que le numérique permet de faire – en termes de diffusion et d'engagement notamment – que d'autres outils (réunions publiques, porte-à-porte, etc.) n'autoriseraient pas ? Quels sont les acteurs impliqués et les publics ciblés dans ces démarches ? Il s'agira ainsi de s'interroger de façon critique sur le nouveau rôle attribué au numérique et à l'art dans la production des villes d'aujourd'hui. Nous envisagerons pour ce faire les raisons et les modalités du recours à ces outils à Johannesburg et à Strasbourg, tout en examinant les défis posés par de telles démarches associatives en termes de participation effective des citadins. A rebours des analyses sur la « fracture numérique » (Mattelart et al., 2015), nous nous demanderons en quoi l'usage du numérique et de l'art depuis « les marges » urbaines et sociales participe ou non à la production et à la démocratisation des villes contemporaines.
Cette communication visera donc à examiner, à partir de deux cas d'études, dans quelle mesure la diffusion du numérique et de l'art contribuent à une certaine normalisation des modes de l'engagement et de la mobilisation citadins, à partir de marges urbaines du Sud et du Nord.
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