Soumission à l'atelier "Extraversions africaines et mondialisations. L'étranger vu d'Afrique sur la longue durée" (Razafindrakoto, Roubaud, Sanchez, Wachsberger)
La globalisation des systèmes de production et de distribution agro-alimentaires et les changements, partiellement corrélés, des modèles de développement international ont des implications profondes pour les sociétés paysannes africaines. De la « Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition» du G8 aux politiques actuelles de coopération internationale, l'agrobusiness est érigé en nouveau parangon du développement rural des pays du Sud, tandis qu'investisseurs privés se voient confier de plus en plus de missions de service public dans le cadre de la « responsabilité sociale des entreprises » et du paradigme dominant du « partenariat public-privé ». Au niveau local, les changements résultant de ces nouveaux modèles varient en fonction d'une multitude de facteurs, des politiques des Etats hôtes aux business modèles des investisseurs en passant par les caractéristiques socio-économiques des sociétés locales. Si le passage de l'agriculture de subsistance à l'agriculture commerciale à grande échelle se traduit fréquemment par l'expropriation des propriétaires coutumiers locaux, d'autres modèles prévoient l'intégration, plus ou moins favorable, de ces derniers dans le nouveau système. La présente communication s'intéresse à l'installation d'un projet agrobusiness dans une zone agro-pastorale du sud de Madagascar et aux réactions de la paysannerie locale à l'arrivée de l'entreprise étrangère et à la privatisation progressive de leurs terres. Cette étude de cas démontre que, pour un même projet et au sein d'une même localité, les perceptions et réactions peuvent varier considérablement d'une entité locale à l'autre. La communication soulignera l'importance des interactions interpersonnelles d'une part et des positionnements socio-économiques respectifs de l'autre dans la construction du rapport à l'étranger. On s'appliquera par ailleurs à démontrer qu'au-delà de ces différences, la façon dont les diverses sections de la paysannerie locale perçoivent leur insertion dans des logiques globalisées est en grande partie fonction de la manière dont les vecteurs physiques de cette mondialisation répondent à leurs obligations au vu de l'économie morale locale.
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