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Circularité, interactivité et modes de communication dans l'œuvre littéraire de Jacques Fame Ndongo
Marie-Rose Abomo-Maurin  1@  
1 : université de Yaoundé

Alors que l'œuvre littéraire de Fame Ndongo se construit, dans un premier temps, à partir d'essais, les textes des grands genres littéraires classiques, roman, théâtre et poésie, viennent par la suite s'intercaler entre ces compositions comme des textes d'application et de vérification de théories élaborées par l'écrivain sémioticien. La traduction en français du récit en langue boulou, Nnanga Kôn, de Jean-Louis Njemba Medou (1989), qui apparaît en troisième position dans la bibliographie de l'auteur, riche de ses multiples commentaires et notes explicatives, est également à saisir comme un lieu-test où le français et l'univers du Boulou s'adoptent mutuellement.

Toute cette production puise se nourrit régulièrement des éléments des cultures africaines et européennes, des savoirs scientifiques, des connaissances politiques et cultuelles universelles et des langues dont l'auteur montre l'habile maîtrise. La complexité de son œuvre est telle que son roman, son théâtre et sa poésie sont non pas seulement des « lieux » de véritables dialogues des langues, mais également des espaces d'appréciation des modes de communication où l'oralité et l'écrit, où les lois de la parole et celles de l'écriture, s'ancrant solidement dans les méandres de la pensée humaine, s'articulent harmonieusement. On a l'impression, d'une part, que la langue française, outil de l'expression écrite et également véhicule d'un vécu, vient prolonger la pensée africaine et que, d'autre part, la langue et la culture de l'oralité, à leur tour, ont impérativement pour mission de soutenir, jusqu'à son accomplissement, qui est écrit en français : le tout dans un système qui met en évidence une permanente interactivité. Rien de telle, par exemple, que l'étude des toponymes, des patronymes ou de la transposition de la pensée africaine dans les productions littéraires de Fame Ndongo, pour mesurer à quel point sont efficacement mises en évidence la circularité et l'interactivité des modes de communication dont s'est servi l'auteur. Si Fame Ndongo n'a pas produit lui-même de texte en langue boulou, il ne lésine pas sur les moyens linguistiques, stylistiques et sur les images, pour rendre visible l'interaction de ses langues, maternelle et nationales, autant que ces modes de communication dans sa production littéraire.

Il s'agit donc, dans ce travail, de montrer comment s'opèrent, à la fois, cette circularité et cette interactivité des langues, des cultures, de genres littéraires et des modes de communication dans l'œuvre littéraire de Fame Ndongo.


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