Dans le domaine africaniste, peu de travaux se sont penchés sur les luttes sociales ou les renégociations socio-politiques initiées par les migrants d'origine servile (Leservoisier, 2005, Boyer, 2005 ; Quiminal, 2008, Pelckmans, 2011). A partir des quelques études disponibles, dont celle que je mène actuellement sur les migrations haalpulaar aux Etats-Unis, l'objet de cette communication est de mesurer les effets socio-politiques de la mobilité sur les relations de pouvoirs.
La présentation de plusieurs situations contrastées, allant de la reproduction d'un ordre hiérarchique à sa contestation, permettra de rendre compte de l'ambivalence des pratiques politiques et de la manière dont circulent les normes, les principes (notamment démocratiques) et les valeurs, entre les sites de migrations et les villages d'origine.
Dans un contexte migratoire, marqué par un pluralisme normatif, il s'agira ainsi de comprendre comment se combinent, s'enchevêtrent et s'influencent mutuellement les différentes formes de hiérarchies. Dans cette perspective, l'un des objectifs de la communication sera de montrer en quoi les trajectoires migratoires rendent compte à la fois de renégociations socio-politiques et de la production « d'inégalités multisituées » (Roulleau Berger, 2011). Mais il s'agira également, en partant de l'exemple de la création d'associations sur base statutaire à l'étranger, de s'interroger sur le sens et les valeurs d'un ordre hiérarchique en situation migratoire, ainsi que sur les implications de telles associations sur l'action politique menée dans le pays d'origine.
Ces différents questionnements nous conduiront ainsi à souligner la portée heuristique de l'étude des migrations dans l'étude des changements politiques, en tirant quelques enseignements théoriques et méthodologiques sur la manière d'appréhender les rapports complexes entre mobilités et pouvoirs.
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