Atelier :"les associations diasporiques en politique"
La présente communication se propose de saisir les luttes politiques nationales sous le prisme des mobilisations collectives. De ce fait, elle interroge les mobilisations collectives qui se déroulent hors des frontières nationales, c'est-à-dire, dans les territoires extérieurs de l'Etat, que sont spécifiquement ses missions diplomatiques, les résidences permanentes ou passagères du Chef de l'Etat, et les cortèges diplomatiques; et qui deviennent à ce titre, les espaces territoriaux du pays. En effet, les immunités diplomatiques accordées aux représentations et aux représentants de l'Etat à l'étranger, font que, les bénéficiaires, ne sont rien d'autre que l'Etat lui-même ; en d'autres termes, l'Etat dans sa constitution juridique comme un territoire, une population, un gouvernement et une souveraineté. Ainsi, les mobilisations collectives diasporisées au sens de cette communication, sont celles qui, bien que se déroulant au-delà du territoire national, ne se déploient pas pour autant sur le territoire d'un pays étranger. Elles n'ont de sens, que lorsqu'elles se matérialisent sur les territoires exotiques du pays qui est leur cible. Cette hypothèse prend ses assisses à travers l'expérience associative du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (CODE). C'est une expérience militante, qui privilégie la mobilisation politique, phénomène rare dans le contexte national. Cet aspect révèle un trait significatif de cette diaspora politique, coalisée en association qui conteste le pouvoir politique de Yaoundé : elle est constituée du moins dans son leadership et ses figures importantes, des transfuges jadis acteurs importants des mobilisations contre le pouvoir à l'interne. Et cela explique d'ailleurs l'obsession que ces derniers ont du territoire. La communication montre qu'ayant donc perdu contact avec le territoire d'origine, ils se rattrapent en quelque sorte sur les territoires de l'Etat qui sont à l'étranger, pour poursuivre leur mission. La fixation sur les représentations de l'Etat camerounais, ainsi que de ses figures symboliques dans la plupart des sorties militantes du CODE, ne relèvent pas à cet effet d'un accident. Elle montre le refus des individus qui arrachés parfois de force à leur pays, éprouvent un besoin fort d'y demeurer, du moins dans leur vie politique contestataire. L'attrait du territoire de l'Etat à l'étranger, agit comme un champ magnétique sur les actions du CODE. Des flux contestataires préparés en d'autres lieux (les espaces territoriaux du pays d'accueil), convergent à chaque fois, vers ces autres territoires nationaux pour s'exprimer spectaculairement avec en toile de fond, l'ambition d'agir sur les rapports de force destinés à reconfigurer la scène politique nationale.
Mots clés : luttes politiques, extraterritorial, mobilisation, CODE