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Situer les Afriques dans une histoire mondiale de l'alimentation : cuisines, consommation, commensalité
Denis Saillard  1, *@  , Thomas Guindeuil  2@  
1 : Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines  (UVSQ)  -  Site web
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)
2 : Centre français des études éthiopiennes  (CFEE)
* : Auteur correspondant

L'histoire de l'alimentation s'écrit de plus en plus de façon mondiale, mais la place des régions africaines dans cette historiographie reste bien en-deçà du degré très fort de connexion entre histoire des pratiques alimentaires et mondialisation des échanges sur le continent. Le fait est assez étonnant lorsque l'on considère, en miroir, l'importance reconnue de la contribution africaine à l'élaboration des pratiques alimentaires modernes et contemporaines en dehors d'Afrique, et d'abord aux Amériques et en Europe. Au-delà de ces emprunts, les sociétés africaines et les diasporas ont elles-mêmes construit leurs pratiques alimentaires dans un contexte d'échanges mondialisés. Cette histoire reste largement à écrire.

La parution récente de Writing Food History. A Global Perspective (K. W. Claflin, P. Scholliers, dir., 2012) et son chapitre consacré à l'Afrique, rédigé par l'historien américain James C. McCann, sont venus confirmer les difficultés d'un dialogue entravé par la faiblesse de l'historiographie du fait alimentaire en Afrique, et en particulier en Afrique subsaharienne.

Ce constat contraste avec le dynamisme des historiographies portant sur l'alimentation en Asie du Sud et en Extrême-Orient. Sur ces deux espaces s'écrit aujourd'hui une histoire dont l'objet principal est l'étude de la construction des identités nationales et transnationales par l'alimentation (K.J. Cwiertka, 2006 & 2008 ; K. Ray, T. Srinivas, 2012). En Inde notamment, on s'interroge sur l'influence de la mondialisation sur les goûts et la cuisine des classes moyennes, qui s'exprime à travers une codification et une standardisation accrue des pratiques alimentaires.

Ces questionnements asiatiques devraient alimenter la réflexion sur l'histoire africaine, en particulier dans les zones d'interface ou dans les situations coloniales – qui ont, justement, beaucoup contribué à catégoriser les pratiques alimentaires et à les faire rentrer dans de nouveaux cadres de représentation. L'objectif de cet atelier est de rassembler des études ayant pour trait commun d'intégrer l'histoire de l'alimentation en Afrique – et dans les diasporas – aux dynamiques de l'histoire des mondialisations et de l'histoire connectée (un domaine sur lequel l'historiographie a accordé une large place à la question des circulations des plantes).

Les contributions, portant sur une période large allant du début de la période moderne à nos jours, devront interroger la construction des goûts, des habitudes de consommation, des façons de manger et notamment de manger ensemble, en relation avec les échanges culturels et économiques entre régions d'Afrique, entre ces régions et les autres continents, et enfin entre ces régions et leurs diasporas. Les contributions pourront interroger autant les pratiques alimentaires elles-mêmes que les discours sur ces dernières émanant des sociétés africaines et des diasporas.



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