La circulation internationale des idées, normes, techniques et « modèles » urbanistiques et leurs réappropriations locales sont des phénomènes anciens, qui participent de la diversité des formes urbaines, des identités et représentations sociales de la ville. Ils sont révélateurs des relations que les villes, à travers une pluralité d'acteurs, tissent avec le reste du monde dans un contexte d'accélération des échanges transnationaux. Ces processus, bien connus en Afrique pour la période coloniale, où la diffusion de modèles européens a prévalu, connaissent plus récemment une diversification des référentiels de la ville et de ses canaux de circulation dans un contexte de recomposition des rapports entre pays du Nord et du Sud.
Parallèlement, le champ des études urbaines connaît un profond renouvellement des approches et méthodologies autour de l'urbanisme transnational, l'urbanisme relationnel et des « urban policy mobility », avec en toile de fond l'appel à décentrer le regard du Nord vers le Sud et à renforcer le cosmopolitisme des études urbaines (« Southern turn »).
Ce panel invite à questionner la production, la circulation et l'ancrage de normes, techniques et « modèles » urbains en Afrique . Décrypter ces processus permet de réfléchir à la production des villes africaines contemporaines, à leur créativité et à leur capacité d'innovation : nouvelles formes urbaines, de gouvernance, de planification, d'organisation des sociétés urbaines...
Ouvertes à différentes disciplines ainsi qu'aux approches diachroniques, aux dimensions théoriques tant que empiriques, les contributions pourront aborder les thèmes suivants (liste non exhaustive) :
- Les processus d'internationalisation et de transnationalisation des politiques et des modèles urbains et les débats autour des concepts qui leur sont liés (emprunt, transfert, diffusion, translation, mutation)
- Les processus et concepts relatifs à la réception locale et aux usages (adaptation, hybridation, assemblage, métissage), à la production de nouveaux normes et modèles, aux implications sociales plus larges sur le plan des formes urbains, des modes d'aménagement de l'espace, des identités et représentations de la ville.
- Le rôle des multiples acteurs dans les processus de circulation, de réappropriation et d'innovation locales (organisations internationales ; réseaux transnationaux de villes ; ONG ; experts ; « passeurs » des « bonnes pratiques » ; citadins, citoyens et collectifs d'habitants)
- Les objets cristallisant les formes de transfert, emprunt, hybridité aux différentes échelles (les bâtiments iconiques, les shoppings malls, les Waterfront, les « smart cities »)
- Une perspective historique et épistémologique afin de traiter des origines des normes, modèles et référentiels des politiques urbaines, des héritages institutionnels, des continuités historiques.
- Le rôle des contextes économiques, (géo)politiques et idéologiques à travers notamment l'étude de relations particulières entre pays se traduisant par des transferts de normes et de modèles (Chine en Afrique par exemple)
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