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Soubry Mathilde

Les orchestres masculins mahorais, depuis Mayotte jusqu'en métropole.
Mathilde Soubry  1@  
1 : Groupe de Recherches et d'Etudes Sociologiques du Centre-Ouest  (GRESCO)  -  Site web
Université de Poitiers

Les orchestres masculins sont une composante centrale dans la vie sociale mahoraise, tant à Mayotte qu'en contexte de migration. Au sein de la communauté mahoraise présente en métropole, les orchestres de mbiwi sont les plus représentés. Ils sont sollicités à l'occasion de cérémonies éponymes qui rassemblent une part importante de la communauté, majoritairement des femmes (les plus importants comptent entre 600 et 700 personnes). Les orchestres les plus prisés viennent tout spécialement de Mayotte pour réaliser, chaque année, une tournée longue de plusieurs mois durant l'hiver.

Un mbiwi est organisé par une association, shama et sa présidente qui conviera d'autres associations par le jeu d'un large réseau d'invitations réciproques. Ces échanges dépassent le seul cadre de la ville où a lieu le mbiwi. La présence d'un orchestre est une condition indispensable pour donner une telle fête. Aussi, du mois de janvier au mois de mai, les différents orchestres sillonnent l'hexagone, réalisant un circuit plus ou moins semblable d'une année sur l'autre. S'ils se produisent dans les mêmes villes, pour autant, ils ne sont pas invités par les mêmes shama. Une association ne peut recevoir un même orchestre deux années consécutives, ni deux fois la même année, sous peine d'engager une surenchère compétitive largement décriée. Pourtant, cette règle d'équité est à la base d'une compétition entre shama d'une même ville et par dessus tout, entre présidentes. Le but est alors de réaliser un mbiwi prestigieux que chacun-e pourra évaluer à l'aune de critères permettant d'estimer les sommes engagées par l'association et sa présidente (vaste salle, quantité et qualité de la nourriture produite et mise en vente, renommée des cameramans rémunérés pour l'occasion...).

Les mbiwi sont ainsi un vaste système d'échange au sein duquel la compétition entre présidentes de shama d'une même ville se joue et se rejoue chaque année, les associations des villes extérieures constituant alors des alliées.

A partir d'une enquête sur l'organisation sociale de ces fêtes menée par entretiens et observations participantes principalement auprès d'une association féminine à la fois organisatrice et participante, sur deux années, il s'agit de mettre en évidence la manière dont ces orchestres circulent sur l'ensemble de la métropole en s'alliant à des associations féminines. Ces alliances prestigieuses nécessitent l'intervention d'intermédiaires car hommes et femmes, ici, ne peuvent communiquer directement.


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