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Dragani Amalia

Les Marges du Rêve
Amalia Dragani  1@  , Pamela Millet@
1 : Laboratoire d'anthropologie sociale  (LAS)  -  Site web
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), CNRS : UMR7130, Collège de France
bât. A, 52, rue du cardinal Lemoine 75005 Paris -  France

Ce panel se propose de revenir sur le rêve comme objet d'étude ethnographique et anthropologique dans l'Afrique contemporaine et au sein des diasporas.Situé à la frontière entre individuel et collectif, le rêve est un objet classique de l'histoire de l'anthropologie (Bastide 1972; Caillois et Van Grunebaum 1967 ; D'Andrade 1962 ; Devereux 1982 ; Lévy-Bruhl 1935 ; Lincoln 1935 ; Radin 1936 ; Roheim 1947; Tylor 1871, etc.) qui ne cesse pas d'intéresser la recherche contemporaine par des contributions plus récentes (Belmont 2002 ; Descola 1989 ; Glowczewski 1989 ; Perrin 1992 ; Poirier 1994 ; Tedlock 1987 ; Kennedy et Lagness 1981 ; Jama 1997 ; Jackson 1986 ; Charuty 1996 ; Mestre 2014, etc.).

Vecteurs de pratiques et savoirs pluriels à l'instar de l'oniromancie, les rêves reçoivent une attention particulière dans les traditions africaines par la fréquence de leurs usages et l'importance qu'on accorde à leur interprétation marquant ainsi le quotidien. Sans prétendre à l'exhaustivité, les acteurs peuvent leur attribuer des valeurs magiques, thérapeutiques, pathologiques, religieuses ou prophétiques. Cette place de choix a donné lieu à une littérature vaste et variée pour l'Afrique (Crapanzano 1975; Kilborne 1978 ; Fernandez 1981 ; Fisher 1979 ; Lee 1958 ; Le Vine 1966 ; 1981 ; Mary 2009; Mubay 1982 ; Munzele 2003 ; Mbiti 1976 ; James 1988 ; Ray Autra 1983 ; Sanneh 1979 ; Samb 1998). Dans les études sur la littérature orale et écrite, le rêve occupe une place prioritaire(Hampate Ba et Kesteloot 1968 ; Constant 2008), en tenant compte aussi du rôle qu'il joue dans le processus créateur (Dragani 2012).

Dans ce panel, nous proposons d'aborder le rêve sous un autre angle d'observation, celui de ses « marges ». Par la notion de « marge » nous entendons autant les éléments « négligés » dans la collecte de données et dans l'analyse (paralangage, sensorialité) que les relations dissymétriques de pouvoir qui produisent l'invisibilisation de certains acteurs et pratiques.

Dans le cadre de récits, nous nous intéresserons aux éléments qu'on ne partage pas dans les rêves, aux non-dits, à l'adresse indirecte dans la narration du rêve ainsi que qu'au paralangage (gestes, mimique, ton). Le thème des « marges du rêve » pourra aussi être abordé selon l'angle de l'expérience du rêve.

Nous chercherons à dégager les éléments résultants de sensations olfactives, tactiles, gustatives et auditives présentes qui normalement ne sont pas prises en compte. Du fait qu'en « Occident », dans la hiérarchie des sens, la vue prime, on privilégie l'étude des images dans l'analyse des matériaux oniriques.

Nous pourrons aussi aborder le thème des marges sous l'angle de « l'Autre du rêve », pour recueillir des « narrations parallèles » et mettre en lumière le rôle d'individus souvent oubliés dans l'entourage du rêveur ou la relation avec l'interprète ou les autres songeurs dans le cas d'une « quête du rêve » collective ou de l'incubation. Nous nous interrogerons aussi, dans le cadre d'une réflexion à la fois méthodologique et épistémologique sur le statut à donner à cet « Autre du rêve » dans l'analyse des matériaux oniriques. Pour terminer, des approches réflexives proposant une contribution sur la relation observateur/observé et sur la démarche ethnographique qu'implique un tel objet pourront bien sûr être adoptées.


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