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Sohier Estelle

Circulation, usages et réinterprétations des photographies du sacre du roi des rois Haylé Selassié (1930), entre Ethiopie et « Amériques noires »
Estelle Sohier  1@  
1 : Université de Genève  (UNIGE)  -  Site web
Boulevard Carl Vogt, 66. CH-1211 Genève 4 -  Suisse

Avec Giulia Bonacci, pour le panel "Une (autre) histoire des images photographiques en Afrique : quelles “manipulations” pour quelles lectures ?"

Cette communication à deux voix propose d'analyser la « vie » politique et sociale d'une série de photographies de Haylé Selassié, de leur création à Addis-Abeba lors du sacre du roi des rois en 1930, à leur diffusion internationale les décennies suivantes, en particulier dans les « Amériques noires », notamment en Jamaïque, ancienne colonie britannique dans les Caraïbes. Il s'agira de questionner l'usage, la lecture et l'impact de ces images dans des contextes culturels très différents, et plus largement le pouvoir de la photographie et son rôle dans l'articulation entre représentations et pratiques sociales.

 En 1930, le nouveau roi des rois d'Ethiopie Haylé Selassié réinvente la cérémonie du sacre pour communiquer à différents publics les fondements de l'idéologie royale éthiopienne. Les dirigeants, l'armée, l'Eglise, la ville sont mis en scène devant un large public, mais aussi devant de nombreux journalistes, cameramen et photographes étrangers, au nombre desquels l'équipe du National Geographic Magazine. Nous interrogerons les enjeux symboliques et idéologiques des photographies du roi publiées alors dans cette revue influente et largement diffusée, qui servait de véritable « fenêtre sur le monde » aux Etats-Unis et au-delà.

 Si la médiatisation du sacre a fait surgir l'Ethiopie sur la scène internationale, l'événement a eu une résonance particulière dans des contextes racialisés, notamment auprès les populations noires aux Amériques. Les médias ont en effet contribué à faire circuler la nouvelle et les images du sacre, mettant ainsi en contact des mondes politiquement et culturellement très éloignés. Par quels canaux, quels acteurs, quels gestes les photographies du pouvoir éthiopien ont alors été réappropriés et réinterprétées ? Nous nous demanderons comment elles ont servi de supports à de nouveaux discours et à de nouvelles identités pour contribuer à créer, c'est notre hypothèse, une icône politique et religieuse internationale. Nous questionnerons les glissements de sens, de valeurs, d'affects associés aux photographies en fonction des spectateurs, l'utilisation des gestes, de l'écrit, et de l'oralité pour donner du sens aux images, et leur rôle dans la production de nouvelles pratiques sociales, avec la naissance du mouvement rastafari.



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