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Jarroux Pauline

Quelle école pour quel Etat ? Réflexions à partir des pratiques des inspecteurs et conseillers pédagogiques de l'enseignement primaire au Bénin.
Pauline Jarroux  1@  
1 : Centre Norbert Elias  (CNE)  -  Site web
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
2 Rue de la Charité 13002 MARSEILLE -  France

Atelier: Quels Etats pour quelles "Afriques cosmopolitiques"?

 

Considérée comme un bien global (Bierschenk, 2007), l'éducation fait l'objet depuis près de trois décennies de l'intervention accrue des partenaires sur le continent africain, qui réinvestissent depuis peu l'Etat et son administration dans le cadre de politiques visant l'appropriation et la responsabilisation des fonctionnaires. Alors que le Bénin s'est engagé sur la voie de l' « Education pour Tous », la « qualité » de l'enseignement et l'inefficacité de l'administration sont largement décriées.

Cette proposition de communication, fondée sur 15 mois de terrain dans deux circonscriptions scolaires du Bénin, entend s'éloigner partiellement de ces constats afin de mettre en lumière les multiples logiques et stratégies des inspecteurs et conseillers pédagogiques face aux enseignants qui font l'école, et plus largement l'Etat au quotidien.

A la fois représentants de l'autorité au niveau local et quasi street-level bureaucrats (Lipsky, 1980), les inspecteurs et conseillers et leurs pratiques constituent un point d'entrée intéressant pour l'analyse des manières de représenter, mais aussi de produire l'Etat et la politique scolaire au Bénin, alors qu'ils sont eux aussi directement ciblés par certains programmes internationaux. Les transformations dans la socialisation et l'ethos professionnels des inspecteurs ou l'adoption de rationalités pragmatiques face à des enseignants peu motivés, peu formés et recrutés notamment suite aux Plans d'ajustement structurel des années 1990 (Tama, 2014) illustrent la pluralité et l'hétérogénéité des logiques des fonctionnaires, issues de divers processus de sédimentations d'anciennes et de nouvelles normes et des injonctions contradictoires vécues quotidiennement par les acteurs sur le terrain (Bierschenk, 2014).

Etudier comment inspecteurs et conseillers s'engagent (ou non) face aux enseignants, quelles ressources ils mobilisent (ou non) et quel type d'école ils produisent in fine et malgré tout, ouvre des perspectives intéressantes pour l'étude des « Afriques cosmopolitiques ». Entre l'image du fonctionnaire improductif et démotivé (Olivier de Sardan, 2004) et celle du « listening bureaucrat » (Stivers, 1994), la diversité des manières de représenter l'Etat et de faire l'école au Bénin permet de questionner plus largement la construction continue de l'Etat africain en contexte d'extraversion. 



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