Dans cette communication, je voudrais me pencher sur les pratiques théâtrales liées à la migration, récemment recensées sur la scène bamakoise et examiner l'émergence de ce que Balme, Kruger, Conteh-Morgan dans un autre contexte ont appelé un théâtre « interculturel » et « syncrétique ». Les concepts qui servent à décrire ce théâtre interculturel et syncrétique, tels que les "échanges", "amalgames", "croisements", "interactions", "conjonctions et dissolutions" (Clifford) sont empruntés à la religion, l'anthropologie et la linguistique. Ils sont ici mobilisés pour recenser et évaluer les innovations esthétiques ainsi que les « expérimentations formelles mais aussi idéologiques » visibles depuis quelques années sur la scène théâtrale malienne. En me focalisant tout particulièrement sur la pièce Sud Nord, le koteba des quartiers, j'isolerai et analyserai des formes et pratiques théâtrales inédites qui reposent sur des combinaisons de « formes et de contenus modernes et archaïques, local et étrangers » (Kruger : 261). Je montrerai ensuite comment ces formes inédites permettent de renouveler les discours sur la migration, la mobilité et les réalités diasporiques, en insistant particulièrement sur les modes d'interventions dans la sphère publique que ces pratiques théâtrales encouragent.