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Charton Hélène

Les étudiants africains du Kenya en Inde et le remodelage de l'aire indianocéanique (1947-1963). Atelier AFRICANITES INDIENNES ET INDIANITES AFRICAINES : Penser les Afriques cosmopolitiques a l'aune de l'aire indianoceanique
Hélène Charton  1@  
1 : Les Afriques dans le monde  (LAM)  -  Site web
Sciences Po, CNRS : UMR5115
11, Allée Ausone 33607 PESSAC CEDEX -  France

L'indépendance de l'Inde, le 15 août 1947 à minuit, reconfigure les relations au sein de l'Empire Britannique, dont elle était une pièce maîtresse, et toute particulièrement l'aire indianocéanique. La colonisation britannique a consolidé et encouragé les liens historiques entre la péninsule et les côtes orientales de l'Afrique, à travers les échanges commerciaux, la mobilité des personnes et l'appartenance à un même espace culturel impérial. Il s'agit dans cette communication d'interroger la manière dont l'indépendance de l'Inde a bouleversé ces relations établies dans un cadre impérial à partir des mobilités scolaires et étudiantes des jeunes Kenyans vers les établissements de formation indiens, explicitement encouragés par les nouveaux responsables de la République dès 1947.

Ces formations s'inscrivent dans le projet politique plus vaste de l'Inde indépendante qui soutient les luttes indépendantistes des pays encore colonisés en dénonçant les régimes coloniaux et les discriminations dont sont victimes les populations colonisées et les diasporas indiennes. La nomination d'un Haut Commissaire indien au Kenya à partir de 1948 ainsi que la redéfinition de la citoyenneté indienne qui inclue les membres de la diaspora déterminent le cadre des relations entre l'Inde et le Kenya colonial. Alors que le nombre de candidats aux études en Inde ne cesse d'augmenter, les autorités coloniales et métropolitaines s'inquiètent de l'émergence d'un front de couleur dans la colonie et l'influence de l'Inde indépendante sur les élites africaines que les autorités britanniques tentent, depuis la fin de la guerre, de canaliser dans leurs universités coloniales et métropolitaines. Le contrôle et la fabrique des élites africaines apparaissent en effet comme un projet éminemment politique, indissociable du soutien apporté par legouvernement indien aux nationalistes kenyans.

Mais au-delà de la dimension politique de ces formations, les expériences individuelles des Africains en Inde entre 1947 et 1963 et la manière dont celles-ci ont, par la suite, été capitalisées, ont également contribué à remodeler l'aire indianocéanique. Ces formes particulières de migrations ont en effet nourri les échanges et les transferts à la fois matériels et symboliques qui participent au processus d'hybridation entre mondes indiens et mondes africains. Cette contribution historique, basée sur des archives et quelques récits d'anciens étudiants kenyans en Inde, doit permettre de mieux connaître et comprendre ces africanités indiennes.


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