Depuis 2000, année définie pour être celle de la première alternance politique démocratique sénégalaise, le gouvernement, pour des raisons, semble-t-il, d'ordre politique, voire politicien, entre dans une logique de (re)configuration et de refondation de l'espace qui, aux yeux des populations, était la preuve assurée de l'accaparement des "terres-mères" par ceux qui occupent le sommet de la hiérarchie sociale. L'exemple de Mbane nous est pertinent dans la mesure où des populations de cinq villages de cette commune rurale se sont opposées à la volonté des administrateurs de l'entreprise Senegindia dont le souhait est de disposer d'autres terres en vue d'accroître sa production. Pour ces villageois, conscients de l'intérêt que présente cet environnement, l'extension de ces terres n'aura comme conséquence que leur déguerpissement de cette zone, celle des ancêtres où elles continuent de mener leurs activités. En nous appuyant sur Mbane, un village sénégalais aux terres fertiles, devenu l'environnement, par excellence, de toutes les convoitises (ONGs, multinationales, hommes politiques, industriels, etc.), nous voulons montrer en quoi le foncier peut être le "lieu" de tous les conflits, une "bombe à retardement" en Afrique subsaharienne et, plus particulièrement au Sénégal où les exemples se multiplient de plus en plus, avec comme corollaire différentes formes de violence.