Atelier : Le rôle des migrants africains dans les changements politiques de leur pays d'origine
Les soulèvements qui ont secoué l'Egypte en 2011 ont réveillé une nouvelle conscience politique parmi les Egyptiens en Egypte, mais ont également influencé la perception des Egyptiens vivant à l'étranger envers leur pays d'origine. Cette intervention se base sur une recherche de doctorat interdisciplinaire qui a examiné ce qu'Østergaard-Nielsen (2003) a appelé « homeland politics », c'est-à-dire les activités politiques des migrants égyptiens vers leur pays d'origine pendant et après les soulèvements en Egypte (2011-2013) dans deux villes européennes, Vienne et Paris.
Dans la première partie de l'intervention, je décris comment les évolutions politiques en Egypte ont eu un écho à l'étranger. Dans les deux cas d'études, les reconfigurations et les mobilisations politiques ont fait écho aux évènements politiques en Egypte et fragmentaient les groupes après une (ré)union initiale. Par conséquent, les soulèvements révolutionnaires en Égypte n'ont pas seulement engendré des différences idéologiques en Egypte mais aussi parmi les Egyptiens à l'étranger. La mobilisation transnationale a été relativement fragmentée selon des lignes confessionnelles. Cependant, il est très intéressant de noter que les mobilisations dans ces deux capitales européennes étaient très différentes, tant dans leur forme que dans leur vitalité.
Dans la deuxième partie, je me concentre sur les différents types d'activistes transnationaux pendant la phase révolutionnaire et transitoire en Egypte. Ce faisant, je développe une catégorisation des types idéaux d'activistes transnationaux, axée sur les facteurs qui ont contribué à leur participation politique ainsi que leurs motivations pour se livrer à des pratiques politiques transnationales. Mes données révèlent que l'activisme transnational est un phénomène minoritaire de la classe moyenne, qui ne se limite pas cependant à la première génération, comme souvent mentionné. Différents types de personnes se sont engagés dans la politique transnationale : des jeunes hommes qui ont émigré en France dans les années 2000 pour des raisons économiques et qui se considéraient comme la représentation de la jeunesse révolutionnaire égyptienne à l'étranger, des étudiants qui sont venus à Paris pour étudier, des coptes bien établis qui ont migré vers l'Europe dans les années 1970 et 1980, des personnes qui ont soutenu les Frères musulmans et ont fait pression contre l'éviction du président Morsi après le 3 juillet 2013, ainsi que des activistes de la deuxième génération qui se perçoivent comme des médiateurs entre la société égyptienne et les sociétés autrichienne ou française.
Leurs diverses stratégies pour influencer la politique (soutien symbolique aux acteurs sur le terrain, influence sur l'opinion publique dans le pays destinataire, mise à disposition des informations alternatives sur les événements en Égypte) démontrent que l'activisme transnational s'adresse souvent au pays d'origine et au pays d'accueil. Ma recherche de terrain montre également que les réseaux et les protestations qui ont vu le jour à Vienne et à Paris ont été fortement influencés par les événements politiques en Egypte d'une part, et le contexte dans lequel les migrants et leurs enfants vivaient d'autre part.
Les médias sociaux, notamment Facebook, se sont avérés être un outil important pour partager des informations sur les événements politiques en Egypte et pour mobiliser pour les manifestations à Paris ou à Vienne. J'interprète Facebook comme un mélange de deux types d'espace social en entremêlant l'espace social virtuel, où les communautés virtuelles peuvent être créées, avec l'espace physique, dans lequel les réseaux sociaux peuvent être établis et organisés dans la vraie vie.